Jean Duval est ouvrier agricole dans une ferme à Saint-Georges-de-Chesné. Maurice Masson habite La Chapelle-Saint-Aubert, ses parents sont marchands de vaches. Ils militent au sein des FTPP (Franc-Tireur Partisan). Ce jour-là, le 16 juin 1944, notre témoin, exploitant à la Gracière, coupe du foin. Les deux audacieux—Duval et Masson—viennent de prendre une consommation dans un café, leurs sacs chargés d’une mitraillette. Ils sortent et attaquent un camion allemand venant de Rennes, avec plusieurs soldats à son bord, qui verse dans le fossé, sur le bord de la nationale. A ce moment du mois de juin, les esprits allemands sont échauffés et pris de panique. Des avions américains arrivent et mitraillent le camion en feu. Deux bombes sont lâchées, l’une à 90 mètres du camion, l’autre à La Salorge. Celle-ci qui n’a pas explosé est tombée sur la maison d’un mécanicien, le pylône du garage ayant été percuté. Un autre projectile qui est tombé sur une maison a renversé l’armoire sur le lit d’un petit enfant. La frayeur était à son paroxysme.
Jean Duval a été tué par les Allemands lors de l’attaque du camion. Maurice Masson a réussi à s’enfuir. Notre témoin, lui, avait sauté dans le fossé et s’était trouvé à l’abri de cette grêle meurtrière, sinon sa vie était menacée. Les Allemands n’eurent pas de morts à déplorer, sinon la Kommandantur de Fougères—selon notre témoin—aurait fait une descente et aligné des habitants sous la menace d’une mitraillette. Cette mise en scène terrible, avec des ruraux mis en joue, se produira par la suite. Avec une panique et une crainte que cela se renouvelle. Les Allemands recherchent celui qui s’est sauvé, les uns sont montés à La Salorge, les autres au bourg. La fébrilité ébranle alors toute la commune.
Cet épisode est un fait de guerre à La Chapelle-Saint-Aubert, sans doute occulté par le maquis de Saint-Marc-sur-Couesnon, commune voisine.
Les obsèques de Jean Duval auront lieu, à La Chapelle-Saint-Aubert, un dimanche, après la messe. Son corps est inhumé à Saint-Hilaire-des-Landes.