Sculture en granit de Roger Lévêque en hommage aux deportés de Fougéres
Vision d’un corps décharné, d’une souffrance intense, d’une expression d’épouvante qu’exaltent la texture brute de la pierre et les formes minimalistes
Slon le site Mémoire de guerre la déportation en Ille-et-Vilaine, on estime que 1 008 personnes ont été déportées dans le département entre 1940 et 1944. La plupart l’ont été pour des raisons politiques et 119 pour raisons raciales (juifs). Dans le Pays de Fougères, noms avons décompté 114 noms originaires du Pays de Fougères ou arrêtés dans le Pays de Fougères. Il y en a peut-être eu plus.
Des noms qui pour beaucoup apparaissent pour la première fois car, à la libération, nombre d’entre eux sont tombés dans l’oubli. Parce que la plupart des rescapés n’ont pas voulu ou pas pu raconter ce qu’ils avaient vécu et aussi parce que personne ne voulait les écouter. A la Libération, la plupart des gens, confrontés aux difficultés matérielles liées à la reconstruction du pays, n’avaient qu’une envie : oublier les quatre années terribles de l’occupation.
Quelques noms célèbres. De la longue liste de martyrs de la déportation quelques noms ont résisté au temps. Ceux du groupe Gallais, la première organisation de résistance démantelée dès la fin 1941 et dont huit membres furent exécutés le même jour, le 21 septembre 1943 à Munich.
Des gens jeunes. En épluchant la liste des noms des déportés, on est frappé par la jeunesse des victimes de la répression. Il y a bien sûr les enfants juifs mais aussi une petite dizaine de jeunes de moins de 20 ans. Les plus jeunes sont deux frères, Edouard Legourd (arrêté à Saint James à 16 ans) et son frère Georges Legourd, 17 ans, arrêté à Beaucé après le vol de tickets de rationnement à la mairie de Beaucé.
Des gens de tous les milieux. Parmi les victimes, on trouve des gens de toutes conditions : artisans, paysans, ouvriers, commerçants, un prêtre… La plupart n’avaient aucun engagement politique ou syndical.
Une dizaine de femmes. Les femmes ont aussi été très actives dans la résistance même si à l’époque elles n’étaient pas des citoyennes de plein droit puisqu’elles n’avaient pas le droit de vote qui ne leur fut attribué qu’à la libération.
Des otages. Si à partir de 1942, la plupart des gens interpellés le sont pour fabrication de faux papiers, sabotages ou espionnage, les autorités allemandes arrêtent aussi des otages en représailles, essentiellement des notables : un vétérinaire à Saint-Brice-en-Cogles ou un patron de la chaussure comme Hyppolite Réhault à Fougères.
Des juifs plus nombreux qu’on ne pensait. On savait que des juifs avaient été arrêtés à Fougères et à Antrain. D’autres l’ont été à Sens-de-Bretagne et à Livré-sur-Changeon ou bien encore à Liffré, une quinzaine en tout dont la moitié d’enfants. Il faut dire aussi que beaucoup de ceux qui trouvèrent refuge dans les campagnes du côté de Saint-Christophe des Bois ou bien encore du Nord Mayenne (plusieurs dizaines) survécurent grâce à la solidarité des familles qui les recueillirent au péril de leurs vies.
Peu de survivants. Plus de la moitié des déportés ne sont pas rentrés de captivité qui pour beaucoup ne dépassa guère un an. Et parmi eux aucun juif.